Prospective sur les transports à Lille en 2030 : épisode 4

Publié le 27 octobre 2014

Comment se déplacera-t-on en 2030 ? Certains se sont déjà pliés à cet exercice de prospective pas très facile à réaliser, mais nous vous proposons ici de faire le focus sur notre agglomération lilloise. Imaginez l’espace d’un instant que nous sommes en 2030, et que nous ayons à décrire comment on se déplace. Ceci n’est à ce stade qu’une fiction, qui s’avèrera peut-être totalement fausse (ou pas), mais cet exercice permet au moins à chacun de s’interroger sur la mobilité dont il veut pour dans 15 ans, et celle dont il ne veut pas, tout cela en laissant à chacun son libre arbitre. Si vous êtes prêts, alors c’est parti pour le 4ème épisode de notre voyage dans le futur en 5 épisodes. Vos réactions sont évidemment les bienvenues sur notre forum car la mobilité de demain, c’est ensemble que nous devons la construire.

Episode 4 : l’alter-mobilité

Un retournement de situation incroyable. En 2017, la France est au bout de ses désillusions sur la possibilité de sortir de l’impasse dans laquelle elle se trouve. Rien ne semble fonctionner, toutes les offres politiques proposées semblent datées, offrant des « solutions » déjà testées à de multiples reprises sans jamais être efficaces. Les extrêmes ont été décrédibilisées par leur gestion catastrophique des municipalités remportées en 2014, finalement peut-être un mal pour un bien... Et l’Alternative est apparue, sortant de nulle part. Et elle a gagné... Parmi les principales lignes de son programme, les éléments suivant concernent la mobilité :

- Arrêt immédiat de 95% de la production des véhicules individuels dans les usines françaises, avec une aide à la reconversion des employés vers la fabrication de vélos/trotinettes/skates (20 % des employés), la construction de logements (40%) ou l’agriculture (40%)

- Les autres secteurs impactés par la très forte baisse de l’usage automobile (concessionnaires, garagistes, grandes surfaces spécialisées) font également l’objet d’un plan de reconversion

- ­L’instauration de péages urbains dans toutes les agglomérations de plus de 30.000 habitants, non pas sur l’hyper centre ville mais sur une zone relativement vaste. Les recettes issues du péage ne sont pas affectées au développement des transports mais à la construction de logements dans les zones denses, à l’intérieur du périmètre des péages urbains

- Réutilisation des espaces libérés par l’automobile pour :

* des logements (parcs de stationnement libérant du foncier, ouvrages en silo transformés, réduction de la capacité viaire sur les pénétrantes urbaines et les boulevards, destruction des échangeurs routiers, etc.)

* des aménagements pour les autres modes de transport (pistes cyclables, élargissement des trottoirs, etc.)

* développement de nouveaux services à la population (espace de livraison en ville, développement des petits commerces, etc.)

- Forte promotion des modes actifs – marche et vélo – et communication sur le développement des transports collectifs, non pas en augmentation du nombre de lignes de bus ou en baisse des prix mais en augmentation de la fréquence et de la capacité.

- Pour les marchandises, une écotaxe a été remise en place sur le principe de celle prévue par le Grenelle de l’environnement en 2007, avec une augmentation progressive et importante des tarifs avec le temps (+ 33 % par an). Les transporteurs ont rapidement redéveloppé les modes alternatifs à la route : rail, voie d’eau, et ferroutage pour les cas les plus compliqués.

Les conséquences ont bien entendu été nombreuses et un profond changement s’est opéré dans la société française. La fermeture des usines automobiles a déjà permis de se rendre compte, dans l’opinion publique, que le nombre d’emplois concernés n’étaient finalement pas si important, la plupart des usines ayant déjà fermé (délocalisations) et celles restant ouvertes étant grandement robotisées...

La densification des zones à péage, la quasi­ disparition de l’automobile de ces zones a entraîné de profondes mutations : un besoin de consommation de proximité, avec l’ouverture de nombreux petits commerces nécessitant un nombre important d’emplois, ce qui a permis de compenser la faillite des gigantesques centres commerciaux de périphérie où plus personne ne se rendait (accès sans automobile trop compliqué). Les économistes parlent même d’un bilan positif en termes d’emplois à fermer les centres commerciaux ! Les nombreuses constructions de logements – sans stationnement voiture mais avec du stationnement vélo – ont permis de contenir une augmentation des prix de l’immobilier et permettre ainsi à chacun de trouver à se loger dans une zone bien pourvue en services et en commerces. Les entreprises se sont également adaptées en facilitant le télétravail pour leurs employés, ce qui a permis, au moins dans un premier temps, de conserver son emploi même s’il était un peu éloigné. En quelques années cependant, la tendance à chercher – et trouver – un emploi au plus proche de chez soi l’a emporté, diminuant d’autant les besoins en déplacement.

Aujourd’hui, les espaces de vie de chaque personne se sont largement contractés par rapport au début des années 2010. On ne travaille plus à 30 km de chez soi, et on ne fait plus ses courses à 15 km non plus. La majorité des gens ne quittent pas un rayon de 5 à 7 km autour de chez eux, mais ils y trouvent largement plus d’aménités qu’auparavant dans leur rayon de 30 km en périurbain. Les déplacements longues distances se font quasiment exclusivement en train. Des services de vélomobiles, vélos avec une carrosserie aérodynamique avec une dizaine personnes pédalant en même temps, commencent à se développer, ils permettent par exemple de relier Lille à Lens en une quarantaine de minutes (environ 60km/h) sans effort trop important individuellement en empruntant les infrastructures routières vides de leurs automobiles.

L’usage « intensif » des modes actifs a permis de remettre la population française en bonne forme physique, les dépenses de santé ont fortement baissé et l’âge de dépendance des personnes âgées a fortement reculé. Le dernier choc pétrolier de 2022 a eu au final très peu de conséquences sur notre économie, la transition étant bien enclenchée, ce choc brutal pour certains comme les États Unis a été globalement bien amorti en Europe, et notamment en France.


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