Prospective sur les transports à Lille en 2030 : épisode 1

Publié le 6 octobre 2014

Comment se déplacera-t-on en 2030 ? Certains se sont déjà pliés à cet exercice de prospective pas très facile à réaliser, mais nous vous proposons ici de faire le focus sur notre agglomération lilloise. Imaginez l’espace d’un instant que nous sommes en 2030, et que nous ayons à décrire comment on se déplace. Ceci n’est à ce stade qu’une fiction, qui s’avèrera peut-être totalement fausse (ou pas), mais cet exercice permet au moins à chacun de s’interroger sur la mobilité dont il veut pour dans 15 ans, et celle dont il ne veut pas, tout cela en laissant à chacun son libre arbitre. Si vous êtes prêts, alors c’est parti pour un voyage dans le futur en 5 épisodes et autant de semaines. Vos réactions sont évidemment les bienvenues sur notre forum car la mobilité de demain, c’est ensemble que nous devons la construire.

Episode 1 : la technologie à notre secours

Le virage vers l’électromobilité automobile est un succès unanimement reconnu.

De nombreuses mesures incitatives ont été prises dès le milieu des années 2010 afin d’accélérer la mutation :

- Les collectivités locales et l’état ont décidé d’arrêter d’essayer de jouer sur plusieurs tableaux en même temps et ont concentré tous leurs moyens financiers (enfin, les emprunts réalisés) vers le développement de la voiture électrique : les bornes de rechargement rapides équipent désormais presque toutes les places de stationnement sur voirie, et les primes à l’achat des voitures électriques sont toujours plus importantes, au début pour compenser le coût de la batterie, et désormais pour financer les systèmes de conduite autonome de plus en plus sophistiqués mais de plus en plus chers
- Des privilèges importants ont été fournis aux voitures électriques comme le stationnement gratuit en ville, mais aussi le droit d’utiliser les couloirs bus ou les voies vertes. Ces avantages ont été très efficaces au début, mais ils sont victimes du succès de la voiture électrique : impossible de trouver une place en ville, et autant de bouchons dans les couloirs « bus – voiture électrique » que dans les voies classiques.
- Des réflexions sont en cours afin de transformer les tunnels du métro lillois en tunnel pour voitures électriques afin de permettre de fluidifier la circulation automobile en centre ville. De toute façon, le système de pilotage automatique du métro date de 2015 et se retrouve aujourd’hui obsolète technologiquement et son remplacement, ainsi que le parc de rames dont une partie date des années 80 (cinquante ans !) est beaucoup trop cher pour les finances de la Communauté Métropolitaine (qui s’inscrit dans le losange Lille-Béthune-Arras-Valenciennes) qui voit l’essentiel de son budget « transport » mobilisé pour installer les dernières bornes de rechargement manquantes sur les places sur voirie du territoire. La transformation des voies du tram est techniquement beaucoup moins complexe que celles du métro et les travaux devraient être terminés l’an prochain.

Les conséquences de ce développement de la voiture électrique :

- La pollution locale de CO2 est en très forte baisse, enfin, en ce qui concerne les transports puisque peu d’efforts ont été réalisés envers l’isolation des logements à nouveau par manque de financement public. La pollution globale en CO2 est en baisse mais moins fortement, une partie de l’électricité qui alimente les voitures étant produite par des centrales à charbon allemandes afin d’absorber les pointes de consommation, le concept de smart grid ayant malheureusement dû être abandonné devant le refus de la population de voir une partie de l’énergie de sa batterie réinjectée dans le réseau
- La pollution aux particules fines a bien baissé, même si elle n’a pas totalement disparu puisque le freinage des véhicules et l’usure des pneumatiques continuent à en produire. Quant aux autres sources d’émission (industrie, etc.), elles n’ont pas évolué
- Les circulations piétonnes et cyclistes ont fortement baissé depuis 15 ans et la reprise de pouvoir des voitures (thermiques puis bien sûr électriques) sur les centres-villes : l’augmentation des capacités de stationnement a eu pour conséquence de faire baisser la circulation en modes actifs, d’autant plus que cela devenait dangereux avec la montée en puissance des voitures électriques silencieuses qui ont surpris de nombreuses victimes...
- Les transports collectifs, du moins les quelques lignes qui restent encore en exploitation, ne sont plus utilisés que par des personnes n’ayant pas le choix (pas les moyens d’acheter une voiture, pas de permis de conduire), mais le problème sera bientôt résolu : une nouvelle aide spéciale est prévue pour les non titulaires du permis et les personnes ayant peu de moyens financiers afin qu’ils puissent s’abonner à des services de voitures autonomes électriques en libre service. Les derniers bus pourront ainsi être supprimés du paysage urbain métropolitain et libérer de la place pour des voitures électriques
- Les progrès sur les batteries des véhicules ont été fulgurants, l’autonomie est maintenant de presque 200km avec une charge complète. Il est ainsi tout à fait possible de vivre à Boulogne sur Mer et de travailler à Valenciennes, il suffit de recharger son véhicule pendant sa journée de travail et à son domicile le soir. Même si on ne construit plus de nouvelles routes à cause de la crise (qui fête son 23ème anniversaire), les progrès dans l’autonomisation des voitures permettent d’augmenter la capacité autoroutière, et les bouchons pour entrer dans la métropole restent tout-à-fait raisonnables : la plupart des gens mettent moins de 3h pour se rendre à leur travail le matin et moins de 2h30 pour rentrer le soir. De toute façon, la croissance qui devrait repartir selon le gouvernement dès le trimestre prochain permettra de mener à bien le projet de transformation des infrastructures ferroviaires en autoroutes électriques : le gros avantage est que l’on pourra recharger sa voiture en roulant en y installant une ligne aérienne de contact (LAC), à l’instar de ce qui se fait pour les trains électriques. Ces derniers, vétustes et extrêmement chers en terme d’entretien et d’exploitation, sont voués à disparaître, on en conservera quelques exemplaires comme vestiges d’une époque balbutiante de la mobilité. Ces nouveaux axes seront réservées aux voitures électriques autonomes afin de limiter les risques liés aux LAC, mais comme la plupart des voitures vendues aujourd’hui sont 100% autonomes, cela reste intéressant puisque le calcul socio-économique fait état d’un taux de rentabilité interne de 0,3 % (les spécialistes apprécieront).

Certes, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes :

- La guerre au Chili pour les mines de Lithium continue de faire rage entre Toyota – soutenu par les Etats-Unis d’Amérique du Nord, Wolkswagen – soutenu par la confédération européenne et la Chine. Cette guerre mêlant entreprises privées et États est la première du genre, elle a débuté en 2027 et la communauté internationale craint que cela finisse mal
- La partie de l’Alsace sinistrée par l’explosion nucléaire à Fesseinheim en 2021 est toujours en cours de décontamination grâce à l’aide internationale. Les réacteurs de nouvelle génération dont la technologie devrait être au point d’ici 5 à 10 ans permettront de fermer toutes les vieilles centrales encore en activité. Reste à déterminer le lieu d’implantation, chose peu aisée devant le refus des populations riveraines. Le projet de centrale flottante au milieu de l’Atlantique n’est peut être plus une utopie comme il y a quelques années, à l’instar de l’envoi dans l’espace des déchets nucléaires qui est devenu réalité l’an dernier

A suivre... Episode n°2 le lundi 13 octobre.


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