Londres demanderait de supprimer l’arrêt lillois des Eurostar Bruxelles/Londres

Publié le 26 février 2012

Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est un peu la confusion depuis quelques jours au sujet du sort des liaisons Eurostar Bruxelles/Lille/Londres.

Des rumeurs persistantes font état du fait que les autorités Britanniques auraient demandé à la société Eurostar de suspendre les arrêts en gare de Lille pour les trains assurant la liaison entre Londres et Bruxelles. La raison invoquée est une faille de sécurité. Un reportage à la fin de l’année 2011 de Radio 4 (une chaîne de la BBC britannique) avait montré qu’un journaliste monté à Bruxelles avec un billet pour Lille avait pu poursuivre son trajet jusqu’à Londres sans être inquiété. Ce qui est étonnant puisque, à ce moment là, tous les passagers embarquant à Bruxelles subissaient un contrôle systématique de l’immigration britannique, exactement comme s’ils se rendaient en Grande-Bretagne, et cela même s’ils descendaient à Lille ou à Calais.

Les modalités de contrôle à Bruxelles ont en fait changé au cours du temps. Lors de la création de cette ligne Bruxelles/Londres, les trains étaient directs et ne s’arrêtaient ni à Lille ni à Calais. Mais en 2001, les arrêts de Lille et Calais ont été ajoutés, ce qui est d’ailleurs une bonne chose puisque cela améliore la connectivité de Lille avec l’Europe proche. Mais depuis cette année là, les passagers montant à Bruxelles pour se rendre à Lille subissaient des contrôles qui n’étaient alors pas légaux puisque l’espace Schengen est justement défini comme un espace unique et que les contrôles d’immigration se font aux frontières de cet espace et pas en son sein ! La Belgique et la France faisant partie de l’espace Schengen, personne n’a à subir de contrôle quand il se rend de l’un à l’autre de ces 2 pays.

Des passagers ont donc déposé plainte contre ce mode de fonctionnement et ont obtenu gain de cause. Depuis le 14 février 2012, il n’y a plus de contrôle pour ceux qui font Bruxelles/Lille. Et c’est certainement cela (en partie au moins) qui explique la montée au créneau des autorités britanniques. Le problème devra de toute façon être résolu car s’il ne concerne que Lille et Calais aujourd’hui, il faut bien avoir à l’esprit que la Deutsche Bahn prévoit de relier Francfort à Londres via notamment Bruxelles et Lille. Si les autorités britanniques restent sur cette ligne de conduite et qu’aucune solution technique n’est trouvée, cela veut simplement dire que les ICE partiront de Francfort pour aller à Londres et ne s’arrêteront pas à Bruxelles ni à Lille au passage. Dans de telles conditions, on peut douter de la volonté de la DB d’aller sur ce marché malgré tout...

Pour revenir au cas de Bruxelles/Londres, sur le site d’Eurostar, il est actuellement impossible de réserver un train pour le 12 mars par exemple : "il n’y a pas de tarif disponible pour votre trajet pour la date et l’horaire demandés". Et c’est pareil pour les jours suivants. Il semblerait que seuls les abonnés de la ligne puisse continuer à réserver actuellement. D’après un article de Nord Eclair, "Guillaume Pepy, PDG de la SNCF, ayant demandé au gouvernement français de jouer les médiateurs, le dossier a été évoqué en urgence vendredi [17/02/2012] lors d’un sommet franco-britannique entre ministres des Affaires étrangères", et le Ministre Français des transports, Thierry MARIANI, est sur le dossier. Quant au site 7sur7.be, il affirme que "La Belgique marque sa désapprobation avec la volonté britannique de supprimer les arrêts des trains transmanche à grande vitesse à Lille et souhaite le maintien de cet arrêt, a affirmé M. Di Rupo au président Nicolas Sarkozy et au Premier ministre François Fillon, selon son porte-parole.". Toujours selon 7sur7.be, "La question a déjà été abordée au début du mois lors d’un sommet franco-britannique à Paris. Vendredi, M. Di Rupo a exprimé son désaccord avec le souhait de Londres et affirmé qu’il fallait "toute faire" pour qu’un arrêt des Eurostars soit maintenu à Lille-Europe. Il faut trouver une solution, a-t-il plaidé, en insistant sur l’intérêt de cet arrêt pour toute l’Eurorégion englobant les zones voisines en France, en Wallonie et même en Flandre."

L’enjeu est de taille car si on supprime l’arrêt à Lille des Eurostar qui relient Londres à Bruxelles, cela va supprimer un bon nombre de liaisons grande vitesse entre Lille et Bruxelles et entre Lille et Londres. Le risque pourrait même éventuellement être un retrait de Lille du réseau Railteam. Bref, c’est la connectivité de Lille avec tous les pays Européens qu’elle jouxte qui est ici en jeu.

Par conséquent, nous ne pouvons qu’être satisfaits que les autorités françaises et belges s’emparent activement du sujet pour y apporter une réponse rapide. Nous suivrons l’évolution de la situation et vous tiendrons informés dès qu’il y aura du nouveau.


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