Thalys ne desservira plus Lille en 2019

Publié le 5 mars 2018

Lille, future ex-métropole européenne ?

Lille-Bruxelles en train, c’est d’abord une longue et belle histoire qui débute il y a 25 ans : des trains classiques, opérés conjointement par la SNCF et la SNCB, relient alors les deux villes en 1h10. Puis, tout change avec la construction de la gare Lille Europe et le lancement, en 1994, de la liaison Eurostar Bruxelles-Londres. La capitale belge se trouve désormais à 35 minutes de Lille, plus proche que Paris (1h), et l’agglomération lilloise, située au carrefour des axes Paris/Londres/Bruxelles/Amsterdam, s’assume en véritable métropole européenne. Avec cette nouvelle liaison rapide, non seulement le nombre de passagers augmente, mais un nouveau créneau se développe, celui des « navetteurs » qui l’empruntent quotidiennement pour aller travailler à Bruxelles.

Cette ligne internationale, d’abord opérée par TGV et Eurostar, voit en 2014 l’arrivée de la marque Thalys. La SNCF et la SNCB offrent aux 500 navetteurs quotidiens (300 dans le sens Lille-Bruxelles et 200 dans l’autre sens) un abonnement leur permettant d’accéder aux trains des trois marques commerciales. Même s’il ressemble à ceux qu’utilisent les milliers de professionnels partout en France, la nature internationale et multi-opérateurs de cet abonnement le rend incompatible avec les réservations en ligne ou avec les machines automatiques. Qu’à cela ne tienne, les navetteurs font contre mauvaise fortune bon cœur.

Mais après des années de lune de miel entre clients et exploitants, la situation commence à se dégrader. Depuis 2009, l’accès aux Eurostar vers Lille devient de plus en plus difficile, jusqu’à être réduit, début 2017, à une seule voiture : suite à un article incendiaire paru dans le DailyMail, une nouvelle vague sécuritaire impose de séparer les voyageurs restants dans l’espace Schengen de ceux traversant la Manche. Ainsi, sous haute surveillance, seuls 50 voyageurs peuvent monter à bord, dont dix qui devront voyager debout. Quid des 250 autres navetteurs ? Ils se répartissent, pour rentrer dans leurs pénates, sur deux trains, un Thalys de 17h17 et un TGV de 19h17. Cela reste encore jouable.

Début février 2018, Eurostar annonce l’ouverture de la ligne Londres-Amsterdam, avec un potentiel comparable à celui du Paris-Amsterdam, mais, surprise ! Lille ne sera pas desservie.

Mars 2018, nouveau coup dur pour la métropole, mais, cette fois, c’est la société Thalys qui régale ! On découvre, dans un rapport d’activité publié en ligne, que Thalys envisage d’arrêter l’exploitation de la ligne Amsterdam-Lille à partir de 2019. Thalys confirme ; la société préfère desservir l’aéroport Roissy Charles de Gaulle ou Marne-la-Vallée Chessy (Disneyland Paris) et se projeter sur le marché des grandes villes françaises. Elle exclura cependant Lille, prétextant une fréquentation trop faible (25 %) à son goût, un chiffre que contestent les navetteurs qui, eux, constatent chaque jour que les trains sont bien remplis. Qu’à cela ne tienne ! Les Thalys ne s’arrêteront donc plus à Lille.

Sans Thalys et avec un accès restreint aux Eurostar, dont la desserte de Lille peut à tout moment s’arrêter, les 300 navetteurs et autres voyageurs lillois n’ont plus qu’une seule option pour rentrer de Bruxelles : le TGV de 19h17. Avec des trains du matin aux horaires moins que fiables, voire annulés, depuis octobre 2017, les journées deviennent longues et les trajets compliqués ; il est de plus en plus difficile pour les lillois de concilier vie professionnelle et vie familiale. Pire, sans l’assurance d’une liaison ferroviaire fiable et rapide, c’est leur emploi même qui est menacé.

Cette diminution programmée des dessertes est d’autant plus surprenante que viennent de débuter des travaux de rénovation et de modernisation de la gare Lille Europe pour un budget de 14 millions d’euros. Sans compter que ces décisions successives affectent clairement le statut de Lille comme métropole européenne, et, par ricochet, le développement économique de toute l’agglomération lilloise et de la région Hauts-de France, qui s’en trouvent ainsi déclassées au niveau européen.

Avec la parution du rapport Spinetta et les discussions qui commencent sur l’avenir de la SNCF et sur la place du transport ferroviaire dans l’aménagement de nos territoires, l’exemple de la liaison Lille-Bruxelles, dont la pérennité inquiète avec raison les voyageurs, se révèle on ne peut plus parlant.

Auteurs : Arnaud, Erwan, Hélène, Martine et Vlatka (Association Train Life)

A savoir : excédés, les voyageurs de la ligne Lille-Bruxelles prévoient une action symbolique pour attirer l’attention du public et des responsables politiques le 13 mars à partir de 6h45 en gare de Lille Europe.

Vous pouvez suivre l’association Train Life sur Twitter : @trainlifeEU


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